Les Mouvements sociaux
Par Pascal le 28 décembre 2021 15:58
Mouvements sociaux
Définition
Un mouvement
social désigne toute action
collective visant à changer les comportements et/ou les institutions en
un sens favorable à un groupe actif et organisé. On parlera donc de mouvements
sociaux pour qualifier toute action collective revendicative visant
à transformer l'ordre social existant. Le mouvement social ne se limite
pas au monde du travail,
surtout à notre époque.
Enjeux
"Un mouvement social a
deux dimensions : le conflit avec
l'adversaire et une visée, un projet d'orientation culturel, sociétal".
Par cette phrase, A. Touraine définit les nouvelles oppositions entre groupes
sociaux, au sortir de l'ère industrielle. Si le travail était
la source esentielle des conflits dans la société industrielle, dans une
société "post-industrielle", les conflits s'organisent désormais
principalement autour de la lutte pour la détermination de
"l'historicité", pense-t-il. Ce concept, un peu obscur de prime
abord, est relativement simple. Il s'agit de l'action qu'exerce la société sur
elle-même, en particulier sur ses pratiques sociales et culturelles. Les mouvements
sociaux sont alors en conflit, non pas contre un groupe dominant ou
pour défendre une position économique, mais bien pour le contrôle des
orientations sociales et culturelles de la société. La maîtrise de
"l'historicité" est l'enjeu principal des mouvements sociaux, puisque
le groupe "dirigeant" ou écouté peut déterminer l'orientation sociale
de la collectivité, lui imposant des choix de vie ou moraux. Un mouvement
social doit donc avoir un projet de société alternatif, selon Alain Touraine.
Retenons que les mouvements sociaux visent à transformer la société.
Pour réussir, les mouvements sociaux
doivent mobiliser autour d'eux le plus de citoyens possible. Or on sait que
cela est difficile, du fait d'un individualisme de
plus en plus évident, poussant à des stratégies de défection. L'autre
question récurrente reste celle de l'investissement réel
des individus dans de tels mouvements sociaux...
De plus, une ambiguité persiste
aujourd'hui : les nouveaux mouvements sociaux sont-ils véritablement en lutte
pour faire évoluer la société ? Il peut tout aussi bien s'agir de groupes de
pression, soucieux de préserver une position sociale acquise, d'améliorer une
représentation sociale, ou encore intéressés par la préservation d'une qualité
de vie personnelle menacée (combien se découvrent écologistes quand ils apprennent
qu'une centrale nucléaire s'installera à proximité de leur habitat ?).
Indicateurs
Il n'existe pas à proprement
parler d'indicateur permettant d'identifier les mouvements
sociaux.
Erreurs
Fréquentes
Il ne faut pas confondre les mouvements
sociaux avec les conflits de classes
sociales : la notion de mouvement social englobe les conflits de
classe mais ne se limite pas à eux.
Tout mouvement social n'est pas
révolutionnaire : beaucoup d'actions collectives sont porteuses de projets
d'orientation réformiste (voire conservatrice ou réactionnaire !).
Les Différents mouvements sociaux en France
Les
mouvements sociaux peuvent aussi être étudiés sous l'angle événementiel. Voici
quelques événements qui sont généralement considérés comme des mouvements
sociaux.
Durant l'Antiquité :
·
La première grève d'ouvriers actuellement
connue se situe dans l'Égypte pharaonique 6
·
La révolte des
esclaves de Sicile
Jusqu'à la Révolution française :
·
Jacqueries, Croquants, piraterie
Après la Révolution française :
·
Révolution française (1789-1799)
·
Trois Glorieuses (1830)
·
Durant le xxe siècle :
·
Mouvements sociaux de 1968 dans le
monde - Mai 1968
·
Mouvement alternatif (années 1970-2000)
·
Mouvement contre le contrat première
embauche en France, 2006
·
Mouvement anti-LRU en France,
de novembre 2008 jusqu'en juin 2009
·
Grève générale aux Antilles
françaises en 2009
·
Mouvement social
contre la réforme des retraites en France de 2010
·
Mouvement pour la liberté d'expression
"Je suis Charlie" de 2015
·
Mouvement contre le pass sanitaire
Passage en vue des différents mouvement sociaux en France
• 1995: la grève
contre le «plan Juppé»
Les grèves de 1995 se sont déroulées du 24 novembre
au 15 décembre. Le plan Juppé, du nom du nom
du premier ministre de Jacques Chirac, prévoit notamment l’alignement des
retraites du secteur public et des régimes spéciaux sur celles du privé. Au
plus fort de la mobilisation, un peu plus de deux millions de manifestants sont
dans la rue. Au terme de trois semaines de grèves, les plus importantes
depuis mai 68, le
gouvernement finit par céder.
«En 1995, Jacques Chirac a fait campagne sur le thème de la fracture sociale sans
évoquer la réforme des régimes spéciaux», explique au Figaro Michel
Pigenet, historien et spécialiste des mouvements sociaux. «Il a voulu profiter de l’état
de grâce post-élection mais cette mesure était contradiction avec le contenu de
sa campagne. Dans l’opinion, ça ne passe pas», poursuit le
chercheur. «Alain
Juppé a joué la carte de la fermeté avec sa célèbre expression ‘droit
dans mes bottes’», rappelle aussi Michel Pigenet. Selon lui, le
premier ministre a «joué avec le feu» en disant «on n’est pas encore à 2
millions de manifestants», ce qui a contribué à grossir les rangs
du mouvement.
• 2003: la grève
contre le «plan Fillon»
En mai-juin 2003, un mouvement de grève a lieu dans
la fonction publique contre la réforme du régime des retraites de François Fillon, alors ministre des affaires sociales
de Jacques Chirac. Objectif de la réforme: aligner la durée de cotisations des
fonctionnaires sur celle des salariés du privé. Le 13 mai 2003, près de 180
rassemblements dans toute la France réunissent un peu plus d’un million de
personnes. Mais le gouvernement maintient le cap et parvient à faire passer la
réforme.
• 2007: l’opposition
à la réforme des régimes spéciaux
En octobre 2007, quelques mois après l’élection
de Nicolas Sarkozy, les
cheminots se mettent en grève et les transports sont paralysés pendant une
dizaine de jours. Mais la grève prend rapidement fin. Le gouvernement ne cède
pas sur l’allongement de la durée de cotisations (les agents de la SNCF, de la
RATP, d’EDF et de GDF passent progressivement de 37,5 à 41 ans en 2016) mais
fait des concessions sur d’autres points. Il est notamment décidé de conserver
le salaire des 6 derniers mois d’un cheminot pour le calcul de la retraite.
• 2010: un mouvement
social contre la «réforme Sarkozy»
Débuté en mars 2010, toujours sous le quinquennat de
Nicolas Sarkozy, le mouvement social a mobilisé plusieurs millions de salariés
dans les secteurs public et privé. Objectif: protester contre le relèvement de
60 à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite. Il y a eu 14 journées de
manifestations au total. Le 19 octobre 2010, les syndicats ont notamment
dénombré 3,5 millions de manifestants (contre 1,1 million selon le ministère de
l’Intérieur) dans plus de 250 villes. Nicolas Sarkozy ira au bout de
la réforme et affirmera sa «fermeté».
• 2016-2017: l’opposition
à la loi El Khomri et à la réforme du Code du travail
En 2016, sous François Hollande, la contestation de
la loi El Khomri (du
nom de la ministre du travail Myriam El Khomri)
vise à réformer le Code du travail et à donner plus de marges de manœuvre à la
négociation en entreprise. Cette réforme débouche sur d’importantes
manifestations. Au plus fort de la mobilisation, en juin 2016, 1 300 000
personnes sont dans la rue. L’opposition à la réforme du Code du travail conduit
elle aussi lieu à plusieurs manifestations, avec un pic de 500.000 manifestants
en septembre 2017.
«Il y a eu des manifestations importantes et une opposition
majoritaire dans le pays mais ces réformes sont quand même passées», analyse Michel Pigenet. Avant de poursuivre: «Il y a un essoufflement de ce
type de mobilisations car elles ne débouchent pas et s’accompagnent parfois
de violences».
• 2018: la grève
«cadencée» de la SNCF
Au printemps 2018, une grève «intermittente» se
déclenche à la SNCF. Les cheminots protestent contre la réforme ferroviaire impulsée
par Emmanuel Macron. Au fil du mouvement, le taux de participation des
grévistes diminue progressivement.
Définitivement adoptée par le Parlement en juin 2018, cette réforme met
notamment fin au recrutement au statut à partir de janvier 2020.
• Novembre 2018: le
début du mouvement des «gilets jaunes»
Différent des mouvements sociaux traditionnels, le
mouvement des «gilets jaunes» débute
le 17 novembre 2018. Lors du premier acte, près de 288.000 manifestants (selon
les chiffres du ministère de l’Intérieur) sont dans la rue, sur les
ronds-points, aux péages ou sur des axes passants. Sporadique, non-structuré et
portant de multiples revendications -
économiques, sociales et citoyennes -, le mouvement s’est essoufflé mais n’a
toujours pas pris fin.
• 2019: une
mobilisation supérieure à celle de 1995?
La grève actuelle sera-t-elle comparable à celle de
1995? Michel Pigenet note en tout cas des différences politiques et sociales
importantes. «Contrairement à ce qui s’est passé en 1995, la réforme des
retraites était dans le programme d’Emmanuel Macron. Il n’y a donc pas de
surprise même s’il n’a pas commencé par ça», explique Michel
Pigenet.
«La grande leçon de 1995, c’est que les gouvernements ne prenaient
plus tout le monde ‘de face’ pour éviter de se retrouver devant une
mobilisation trop importante. Or là, Emmanuel Macron veut réformer tout le
système des retraites, tout le monde est concerné», analyse l’historien. De plus, «Emmanuel Macron veut réformer
les retraites alors qu’il est politiquement très affaibli par la crise sociale
des gilets jaunes», poursuit Michel Pigenet. Selon lui, «le détail du projet n’a pas
encore été rendu public mais il y a le sentiment dans l’opinion que ça va être
une régression sociale». «Il y a un climat d’exaspération sociale dans le pays et
l’exécutif joue gros», estime Michel Pigenet. Selon la CGT,
1,5 million de manifestants ont défilé jeudi dans toute la France (contre
806.000 selon le ministère de l’Intérieur).
L’importance du
soutien de l’opinion
La grève actuelle va-t-elle s’accroître? Cela
dépendra notamment d’un élément crucial: le soutien de l’opinion publique.
Selon Michel Pigenet, «l’opinion publique a montré une compréhension et un soutien aux
grèves importantes ayant eu lieu ces trente dernières années», que
ce soit en 1995, en 2003 ou en 2016-2017. À une exception près: la réforme ferroviaire de 2018,
qui était majoritairement approuvée par
la population. Selon un sondage de l’institut Odoxa-Dentsu
Consulting pour Le Figaro et France Info, la grève interprofessionnelle du 5
décembre était «justifiée» pour 66% des Français.
Reste à voir si ce soutien perdurera.
• Juillet 2021 Un
mouvement social contre le pass sanitaire
Anti-pass sanitaire: a-t-on déjà vu un mouvement
social perdurer l'été?
En cinq
semaines, les manifestations contre la politique sanitaire d'Emmanuel Macron se
sont densifiées. Une progression singulière pour une mobilisation estivale.
Une mobilisation éruptive qui interpelle à plus d’un titre, par
son ampleur, ses outrances -marginales, mais récurrentes- ou sa composition
hétéroclite. Mais ce qui surprend le plus, c’est que les cortèges s’étoffent un
peu plus chaque semaine, loin de pâtir de ce mois d’août et de sa torpeur
estivale que l’on dit peu propice aux luttes sociales.
“On sent qu’il y a une forte mobilisation alors qu’on est au cœur de l’été. C’est incroyable pour un mouvement social en pleines vacances, c’est le signe qu’il y a un désarroi profond dans le pays”, se félicitait, en ce sens, Florian Philippot, le 22 juillet dernier, quatre jours après sa première grande manif anti-pass. Depuis, le mouvement, dont il est l’une des figures politiques, a gagné 80.000 manifestants. Ils étaient 160.000 à battre le pavé à la mi-juillet, contre 237.000, un peu moins d’un mois plus tard, selon les autorités….(A Suivre)
Les réseaux sociaux : un nouvel outil de revendications politique et sociétale
A la découverte du « mouvement social » et
du « groupe de pression »
Les réseaux sociaux sont une composante à part entière
de notre monde ; des revendications naissent de leur utilisation. La
question que nous nous posons dans cet article est la suivante : quel est
le rôle que jouent les réseaux sociaux dans la diffusion et l’organisation des
actes revendicatifs ? Pour ce faire, nous proposons d’expliquer deux notions
importantes.
D’un côté, le mouvement social :
concept né au XXème siècle (grâce aux chercheurs de la première école de
Chicago, USA) qui désigne une action collective portée par un groupe qui cherche à changer le
monde dans lequel il vit. La cible des revendications peut être le
comportement de la société́ ou encore les institutions. Selon le sociologue
Alain Touraine (1965), le mouvement social possède trois
caractéristiques :
- le groupe,
- les revendications contre une cible,
- une capacité à se mobiliser.
En France, le premier mouvement social que l’on a pu
observer est né en 1789, lors de la Révolution Française : le tiers état
contre la bourgeoisie.
Pour Karl Marx (1848), le mouvement social est le
résultat de l’affrontement entre deux classes : la classe dominée qui
cherche à s’émanciper de la classe dominante.
Cependant, avec les années, la notion de classe semble
disparaitre. La société occidentale se transforme (Ronald Inglehart, 1977).
Tout en gardant l’idée de dimension collective, les revendications s’organisent
désormais en groupe de pression. Cette notion induit pour la première fois
l’idée d’influence.
Le groupe de pression, appelé « lobby »
désigne « l’antichambre » en anglais. La théorisation de ce concept
arrive en France dans les années 1950 et nous vient des USA. Le groupe de
pression désigne un groupe qui ne recherche pas directement à changer les choses,
le monde dans lequel il vit, mais plutôt à influencer et faire valoir ses
intérêts auprès des pouvoirs publics.
Le groupe de pression obéit à deux
caractéristiques :
- il défend les intérêts particuliers de
ses membres (Hélène Michel, 2009),
- il exerce une réelle pression sur la
prise de décision publique (Emiliano Grossman, 2005).
On dit qu’il est plus structuré qu’un mouvement
social.
De l’union cachée à l’hyper-connectivité
Avant, revendiquer ses droits et ses souhaits devait
être fait en cachette et était mal vu de l’opinion publique ; aujourd’hui,
la toile nous réunit tous en un clic et nous permet d’user en toute simplicité
de notre liberté d’expression.
Grâce à de nombreux algorithmes, il est devenu facile
de constituer un groupe, d’énoncer clairement ses revendications et d’arriver à
se mobiliser un même jour, au même endroit et au même moment.
Grâce aux réseaux sociaux, la création de mouvements
sociaux et la bonne communication au sein de ces groupes sont devenues
possibles pour tous, et partout.
En 2004, J.A. Barnes définit le réseau social comme
une structure
sociale faite de nœuds qui sont généralement des individus et des
organisations. Il représente des flux et des relations entre les gens.
On parle de « réseaux sociaux » depuis 1998,
en tant que réseaux communautaires dédiés à la rencontre et l’échange pour des
communautés spécifiques. D’abord peu utilisés et peu connus, les réseaux
sociaux sont aujourd’hui nombreux, et leurs utilisateurs le sont encore plus.
Réseau, mon beau réseau, à quoi me sers-tu ?
Aujourd’hui, un réseau social c’est :
- un agenda personnel,
- une communauté à l’écoute et active,
- un outil de communication,
- un album photos géant
- et un média d’informations
Tant de fonctionnalités qui ont contribué à la
création de nouveaux mouvements sociaux, de nouvelles revendications et
surtout, à de nouvelles façons de manifester, de se manifester.
Illustrons nos propos, parlons gilets jaunes
Né sur Facebook en Octobre 2018, le mouvement social
des « Gilets Jaunes » a fait écho à la décision du gouvernement
français d’augmenter la Taxe Intérieur de Consommation des Produits
Énergétiques (TIPCE).
Tout commence par la mise en ligne d’une vidéo par
Jacline Moureaux, une citoyenne française dénonçant cette taxe. Cette vidéo
sera vue plus de 6 millions de fois en un très court laps de temps. Et dans son
sillage, elle entraînera d’autres personnes à faire de même et à lancer un
appel à manifester et à se rassembler dans les rues. Facebook étant une
plateforme de diffusion, il a permis à Jacline Moureaux et à d’autres
internautes français d’avoir l’opportunité́ de prendre la parole.
La viralité́ des réseaux sociaux (Boullier 2012)
contribue grandement à transformer cette « simple vidéo » en une référence pour
des millions de personnes qui vont l’imiter ; jusqu’à déclencher l’effet
« boule de neige », qui laissera place à de nouvelles revendications
au cœur de l’actualité, de nouveaux contenus et surtout, la création de débats
directement sur Facebook. Le mouvement social des Gilets Jaunes est né en même
temps qu’un nouveau média d’informations, le format Live de
Facebook, en rupture avec les formats traditionnels de communication.
Très vite, des évènements vont être créés sur Facebook,
dans le but de rassembler le plus de manifestants possibles dans les rues afin
de se faire entendre et devenir un groupe de pression. Et c’est comme ça que
les Actes 1, 2, 3 (…) 49 sont nés.
Enfin, ce cheminement a permis l’immersion de nouveaux
mouvements sociaux crées en réponse ou en réaction à celui-ci : les Gilets
Verts (manifestants pour une meilleure application de l’écologie en France),
les Foulards Rouges (groupe luttant contre les dérives des Gilets Jaunes).
Les réseaux sociaux, et surtout Facebook, prouvent
qu’à l’heure actuelle, un mouvement social n’a plus besoin d’une manifestation
physique de départ pour naître et prendre de l’ampleur. La création de groupe
sur la toile et la notion de communauté sont le point de départ d’une interaction
constante avec d’autres membres (Rémi Guertin, 2018).
Parlons Résultats
°
Les acquis sociaux obtenus par les luttes passées
Les mouvements sociaux du passé sont en effet très liés au monde
du travail, mais ont contribué à modifier en profondeur les modes de vie de la
majorité de la population, et ce encore aujourd’hui. Très souvent, ces
luttes ont été menées par des personnes de milieux populaires :
c’est-à-dire des personnes aux conditions de vie difficiles et à l’avenir
incertains voire cloisonné2.
Nous pourrions remonter à la révolution de 1789 qui a aboutit à l’abolition des privilèges et à la
déclaration des droits de l’homme. En 1848, un deuxième soulèvement de grande
ampleur entraîne en métropole la création du suffrage universel masculin, et dans les colonies l’abolition de l’esclavage.
Plus proche de nous, en 1936 une grève sans égale a permis d’obtenir la semaine à 40h et les congés payés. Plus tard
en 1968, grâce à une alliance entre syndicats populaires et étudiants de
milieux plus aisés, on a assisté à une libération des mœurs, ainsi qu’à la
création du mouvement de libération des femmes. Ce mouvement a entraîné une
forte augmentation du SMIC et des salaires, l’extension de la sécurité sociale,
et l’obtention de nombreux droits pour les femmes3.
Egalement, de nombreuses grèves ont eu lieu en réaction aux
réformes des retraites 4 ou
du travail : en 1953 contre le projet du gouvernement de retarder l’âge de la
retraite, les grèves des mineurs en 1963, en 1995 contre la réforme de la
sécurité sociale (« plan Juppé »), en 2003, contre le projet retraite
de Fillon, en 2006 contre le CPE, en 2010 contre la réforme des retraites et en
2019-2020 contre la réforme des retraites également. Celles-ci ont souvent
mobilisé la même alliance de classes populaires et de classes moyennes en
déclassement.
3°
Et aujourd’hui ?
Les mouvements sociaux aujourd’hui touchent d’autres causes et
prennent d’autres formes, face à de nouveaux enjeux : la crise politique,
économique et écologique. En effet depuis la crise économique de 2008, on voit
naître de nouveaux mouvements en France et ailleurs dans le
monde (Tunisie, Egypte, Algérie, Liban, Chili, Turquie, USA, Canada, Chine
etc).
Par exemple, Les Indignés en 2011, Nuit debout en 2016, les Gilets
Jaunes et les mouvements écologistes en 2018 qui se sont unis à plusieurs
reprises. Nous pouvons citer également les nombreux mouvements de luttes
pour les droits des femmes, dont le mouvement « MeToo » qui a marqué
les esprits.
Les quartiers populaires ne sont pas en reste : après les
émeutes de 2005 auto-destructrices5,
des mouvements de lutte contre les violences policières se sont créés, dont
« Justice pour Adama ». Le Collectif national « Pas sans
nous » se constitue aussi comme défenseurs des droits des
habitants des banlieues françaises.
4°
Comment ?
Le mode opératoire change : on s’empare des places
publiques, des ronds-points, les lycéens font grève, les réseaux
sociaux deviennent un outil incontournable et puissant de
rassemblement6.
On mobilise sur internet grâce à des pétitions en ligne (2 millions de
signataires pour l’affaire du siècle : un record!). Les manifestants
sont de plus en plus jeunes : on voit même des collégien.n.e.s
en tête des cortèges7.
Surtout, on voit des catégories de population différentes se
rencontrer : on remarque un ralliement des classes moyennes notamment dans les
manifestations pour la justice climatique et sociale, qui se résume par
« Fin du monde, fin du mois : même combat ». Ces derniers mois,
la convergence des luttes a été concrète : Gilets Jaunes, écologistes,
« Justice pour Adama », syndicats, féministes, retraités, etc se
sont rassemblés pour faire cause commune. Les Gilets jaunes, composés de
personnes de milieux populaires mais plutôt péri-urbains, ont par exemple
découvert les violences policières que les habitant.e.s des banlieues eux,
connaissent depuis longtemps.
5°
Quels résultats ?
Cela peut prendre du temps pour avoir des résultats, et les échecs
se succèdent aussi souvent avant la victoire : avant 1789, de nombreuses
révoltes ont été réprimées dans le sang. Faut-il parler de la commune de
Paris ?8 Combien
de mort avant l’abolition de l’esclavage ? Plus
récemment, le mouvement Nuit Debout, issu de la mobilisation contre la Loi
travail, a déçu par son manque de résultats.
Mais les échecs sont créateurs : le mouvement Nuit Debout a été
une véritable formation citoyenne et politique pour ses participants9.
Il a certainement aidé à la construction du mouvement des Gilets Jaunes ou des
Jeunes pour le climat. Les mouvements sociaux peuvent aussi se
transformer : le mouvement des Indignés en Espagne, par exemple, a amené 3
ans plus tard à la création d’un parti politique : Podemos. Il a fallu un
an de plus pour que des listes issues du mouvement s’emparent des villes
espagnoles10.
Comparaison intéressante : 1 an après le début des Gilets Jaunes, de
nombreuses listes citoyennes apparaissent partout en France pour les
municipales11.
Et ce n’est pas tout : en plus des décisions budgétaires du gouvernement suite aux Gilets Jaunes, qui ont repris plus de 10 milliards d’euros en faveur des classes modestes12, l’Etat a créé la convention citoyenne pour le climat. Cette nouveauté démocratique13 en France répond en partie à des revendications des Gilets Jaunes et des jeunes pour le climat. Aujourd’hui, plus aucun parti ne peut éviter le sujet de l’écologie. Bref, de petits résultats peut-être pour certains, mais ce n’est que le début !
Mon édito :
mon Edito sera une image ,je vous laisse toutes réflexion.
Credits:https://www.lefigaro.fr/social/greve-retour-sur-30-ans-de-mouvements-sociaux-20191206
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_social
https://www.huffingtonpost.fr/entry/anti-pass-sanitaire-a-t-on-deja-vu-un-mouvement-social-perdurer-lete_fr_61124a01e4b0335845195f21
https://www.istc.fr/reseaux-sociaux-nouvel-outil-de-revendications-politique-societale/
http://collectifpop.fr/les-mouvements-sociaux-hier-et-aujourdhui-des-luttes-et-des-victoires
Par Pascal le 28 décembre 2021 15:58